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NATIONALITÉ : DOUBLE / Portrait par Thomas Schmitt Cabral IEP Paris
NATIONALITÉ : DOUBLE
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Alors que le « modèle dintégration à la française » est si décrié, le luso-descendant Paulo Marques fait de ses origines un atout politique.<o:p></o:p>
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« Je suis Français en France, Portugais au Portugal, et européen ! » Plus que des données biographiques, il y a dans cette phrase de Paulo Marques tout son credo. <o:p></o:p>
Né en France de parents portugais, fonctionnaires, ce jeune célibataire de 36 ans incarne la deuxième génération dimmigrés portugais et sa quête de visibilité, de respectabilité. Sa politique : être présent, prendre la parole, se rendre utile. Il est aujourdhui Conseiller municipal à Aulnay-sous-Bois, président de lassociation Civica qui réunit des élus portugais de France , membre actif de lUMP et de la branche française du PSD, le parti du centre-droit portugais. <o:p></o:p>
« Aujourdhui mon discours se focalise sur cette double appartenance pour éviter toute idée dassimilation, dintégration ou de communautarisme », explique celui qui, à 19 ans déjà, était le premier candidat issu de limmigration portugaise aux élections municipales, dans toute la France. Par son engagement politique, Paulo Marques sest construit son propre « modèle dintégration ». Il participe à la vie politique en France et au Portugal, en sappuyant toujours sur son lien avec la communauté portugaise de France.<o:p></o:p>
Paulo Marques est un homme daction et la connaissance du terrain est son atout. « Jaime gagner. Jaime quon me fasse confiance montrer de quoi nous sommes capables », déclare linterlocuteur privilégié de ceux qui, ici ou au Portugal, veulent approcher sa communauté. En 2002, il co-organise la campagne lusophone de Jacques Chirac. Il sen souvient comme un de ses plus beaux succès : « Nous avons apporté une pierre à lédifice, nous nétions plus seulement la communauté qui travaille dur, nous participions au plan politique ». La même année, une autre victoire importante est au rendez-vous. En tant que directeur de campagne de Carlos Gonçalves, candidat aux élections législatives portugaises pour la circonscription « Europe », Paulo Marques fête lélection du premier député qui réside effectivement en France.<o:p></o:p>
Lors des élections régionales de 2004, Paulo Marques intègre la liste de Jean-François Copé, qui se présente en Île-de-France. « Paulo correspondait exactement au profil recherché. Cest un jeune dynamique, très travailleur, et il sait ce quil fait », raconte Guy Alvés, chef de cabinet du porte-parole du gouvernement. Et, en novembre dernier, lancien Président de la république portugaise Jorge Sampaio lui téléphonait en personne pour mieux comprendre ce quil se passait dans les banlieues de la région parisienne.<o:p></o:p>
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Cest précisément là, en Seine Saint Denis, à la cité des Trois Mille, que tout a commencé. Paulo Marques ne revendique pas une vocation de leader, pourtant, son tempérament la toujours poussé à faire bouger les choses et il ne craint pas de se mettre en avant. A 16 ans, il crée avec une bande de copains les RDV Boys, « une espèce de boys band avant la lettre qui faisait de la world music et de la danse moderne en costume traditionnel de la région du Minho, au Portugal ». Lidée était simple : redonner de la vigueur à la vie associative et culturelle de la communauté portugaise dAulnay-sous-Bois. Un enjeu auquel Paulo Marques était très sensible car cest son père qui, en 1973, avait créé lAssociation culturelle « Rose des Vents » pour accueillir les nouveaux habitants du quartier du même nom, composé en grande majorité dimmigrés portugais.<o:p></o:p>
Paulo Marques devient président de lassociation en 1989 mais cela ne suffit pas. « Jai rapidement compris que, pour prendre la parole et dire quelque chose au nom de nos parents qui ne votaient pas, il fallait quon intègre les institutions françaises par lintérieur », explique-t-il aujourdhui.<o:p></o:p>
En 1995, Paulo Marques se présente à nouveau sur les listes du RPR en tant quindépendant et parvient à se faire élire. La même année, le président Jorge Sampaio vient en France. Paulo Marques raconte : « Je me suis approché de lui et je me suis présenté en tant quélu portugais en France. Il a fait tilt, cétait la première fois quil rencontrait un jeune portugais qui participait à la vie politique locale. Il était tellement ravi quil en a parlé dans son discours. » Paulo Marques avait compris quel serait son rôle. Depuis, en donnant lexemple, il cherche à démontrer aux français et aux portugais que les luso-descendants ont réussi leur aventure, quils sont travailleurs et citoyens.<o:p></o:p>
Pourtant, il y a une cause qui, aujourdhui encore, revient sans cesse dans les propos de Paulo Marques. En 1994, les ressortissants européens résidant en France ont obtenu le droit de voter aux élections municipales et européennes. Pour Paulo Marques, le temps était finalement venu pour la génération de ses parents de prendre toute sa place dans la société française. Mais des 795.000 potentiels électeurs portugais, seulement 56.000 se sont inscrits sur les listes. Selon Paulo Marques, ces chiffres ne sexpliquent que par un manque dinformation, et ça le rend furieux : « Ça fait plus de 10 ans quon attend que cette information passe et on parle du droit de vote des étrangers, ne mettons pas la charrue avant les bufs ! ». Impatient et pragmatique à la fois, le président de lassociation Civica sest fixé pour objectif de doubler le nombre dinscrits dici 2007.<o:p></o:p>
Au sein de sa communauté, le parcours de « Paulinho », comme lappellent ceux qui lon vu grandir, fait presque lunanimité. Mais, au sein de lAssociation des élus municipaux portugais de France (AEMPF), qui, globalement, regroupe des élus de gauche, plus âgés et plus proches des problèmes quotidiens de la communauté portugaise, lomniprésence de Paulo Marques le rend suspect. « Jai limpression quil parle beaucoup et ne fait pas grand-chose quil a dautres objectifs et quil pourrait se servir de la communauté portugaise pour faire son entrée dans la politique française », lâche José Maria da Silva, président de lAEMPF.<o:p></o:p>
Le fait est que cest bien Paulo Marques qui était présent à Matignon lorsque le nouveau Premier ministre portugais, José Sócrates, a rendu visite à son homologue français. Cest à nouveau lui qui a accompagné le président de lUMP, Nicolas Sarkozy, lors de son voyage au Portugal lan dernier. Paulo Marques ne cache dailleurs pas quil aura son rôle dans la campagne présidentielle de 2007 que briguera très probablement Nicolas Sarkozy, quelquun dont il se sent proche. « Lavantage qua Paulo cest dêtre connu de Villepin, Sarkozy ou Jean-François Copé. Si demain il souhaite sengager dans une carrière plus personnelle, ces gens laideront », confie Guy Alvés, chef de cabinet de M. Copé. <o:p></o:p>
Paulo Marques hésite : « Je sais doù je viens et ce qui fait la base de mon intervention. Sans délaisser la communauté portugaise, cest vrai que jai une réflexion personnelle à faire ». Mais après avoir été cadre administratif dans une banque portugaise en France, Paulo Marques travaille actuellement avec ses deux frères cadets dans le domaine de lévènementiel et de lanimation nocturne, ce qui, de son point de vue, lui permet « de garder les pieds sur terre, de rester à lécoute de la jeunesse ».<o:p></o:p>
Son avenir proche passera sans doute par la commune dAulnay-sous-Bois, où il a récemment demandé à être Maire adjoint. Il réfléchit également aux prochaines élections européennes. « Il faut que les ressortissants européens soient sur les listes. Soit on intègre les listes des partis, soit la communauté crée sa propre liste », dit-il, encore amer davoir assisté à labsence totale des européens vivant en France lors des débats de la dernière campagne. <o:p></o:p>
Et lAssemblée nationale ? « Ce serait très difficile, mais jy pense. »<o:p></o:p>
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THOMAS SCHMITT CABRAL<o:p></o:p>
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Ecole de Journalisme IEP Paris<o:p></o:p>
Mai 2006
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